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22/02/2013

Dimanche 17 février, Les retrouvailles des femmes de Kochi

C’était le second jour « J », pour lequel Josette m’a emmenée à Kochi. Elle tenait absolument à me présenter les femmes qui ont bénéficié de Souffle de l’Inde depuis son ouverture et avec qui elle est toujours en contact. L’accueil a été très chaleureux. A midi, nous étions attendus chez Shinie. Souffle de l’Inde n’a plus de local à Kochi et seule, Shinie a une maison capable de nous accueillir tous. Les embrassades ont été longues, émues, magnifiques… J’ai senti toute la reconnaissance de ces femmes envers Josette, qui n’ont pas grand-chose et que la vie n’a pas épargnées. Elles étaient sept à nous attendre.

conseil général de l'isère,souffle de l'inde,josette rey,brigitte périlliéIl y avait Giji dont j’ai déjà raconté la pauvre histoire, et aussi Shinie,  Big Jessie, Shela, Cassseline, Mable et  Philomèna.

conseil général de l'Isère, Souffle de l'Inde, Josette Rey, Brigitte Périllié
Giji est une femme douce, calme, réservée. On sent toute la tristesse qui est en elle. Et bien  sûr, si elle a manifesté les retrouvailles avec Josette de façon très joyeuse et chaleureuse, c’était avant tout l’émotion qui la submergeait. Pour Josette, c’était pareil. Elles sont restées l’une contre l’autre un bon moment…

Shinie a poussé des cris de joie quand elle a vu Josette. Elle riait et parlait de façon très volubile. Ses yeux ronds tournaient à toute vitesse en dodelinant la tête. Son visage rond transmettait toute la gaîté qui l’animait en ce jour de retrouvailles. Elle a fait claquer des grosses bises sur les joues de Josette. Les autres ont été aussi très chaleureuses,  mais j’ai senti que Giji et Shinie étaient l

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es préférées. Toutes ont des histoires dramatiques ou très difficiles. Toutes ont été victimes de violence de la part de leur mari ou de leur belle-famille.

L’histoire de Shinie n’est pas aussi dure que celle de Giji, mais elle est pas mal non plus.

Shinie est restée mariée 45 jours !!... Son mari est mort dans un accident de la route. Ses beaux-parents ne voulaient plus d’elle car elle n’avait pas porté chance à leur fils. Elle a donc voulu retourner chez ses propres parents, mais ceux-ci refusèrent ; Ils avaient payé la dote et ne pouvaient plus l’assumer financièrement … Elle sera donc recueillie chez les sœurs. Quelques semaines plus tard, elle s’aperçoit qu’elle est enceinte et accouche d’un joli garçon. Apprenant cela, les beaux-parents le réclament « c’est le fils de leur fils défunt… » Les sœurs négocient et imposent qu’ils prennent la mère et l’enfant. Ce fût fait, mais la vie fut impossible pour Shinie qui se retrouva dans l’état de domestique pour cette famille sans égard pour elle. C’est alors qu’elle entend parler de l’association qui vient d’ouvrir et s’y présente. Elle est dans les premières. Normalement, Josette sélectionne des mères qui ont des filles. Mais il y a de la place.

Souvent, Josette remarque que le matin, Shinie arrive  le sari mouillé. Pour plaisanter, elle lui propose de lui acheter un parapluie… Shinie lui avoue alors ses conditions de vie. Elle dort dans la pièce la plus délabrée de la maison avec un trou dans le toit qui provoque des gouttières, y compris sur son lit. En Inde, les gens prennent une douche le soir enfilent leurs habits pour le lendemain et se couchent avec sans drap de dessus.

Josette va voir les beaux-parents et les somme de lui donner une vraie chambre, sinon elle prendrait Shinie avec son fils en permanence à l’association ; ils s’exécutèrent … Shinie passait son temps à s’occuper des autres sans pouvoir penser à son avenir. Josette tentait de transmettre aux femmes accueillies, l’envie de se battre pour accéder à une vie meilleure. Au bout de quelques années, Shinie a eu l’opportunité d’acheter une petite maison dont les propriétaires étaient dans l’obligation de vendre. Le prix était accessible. Elle a vendu ses bijoux et a pu débloquer un prêt d’état car son mari était fonctionnaire. Des dons faits à l’association lui ont permis de compléter la somme. Aujourd’hui, elle rembourse toujours son prêt mais elle est chez elle et a pu couper les ponts avec ses beaux-parents. A  souffle de l’Inde, elle a appris à coudre à la machine et continue toujours de confectionner des pochettes en tissu et autres objets vendus ensuite dans des boutiques solidaires. Chez les sœurs, elle avait appris à broder et le fait extraordinairement bien. Le jour, elle travaille dans un atelier de couture.

Big Jessie, a deux filles quand son mari meurt de maladie. Elle se retrouve donc seule avec ses deux filles à marier. Pour l’ainée, elle donne sa maison en lise. C’est une sorte de gage. Elle ne pourra la reprendre  que si elle rachète ce gage, ce qui parait complètement impossible. N’ayant plus de maison, elle vit avec sa fille ainée. Lorsqu’elle arrive à l’association, sa deuxième fille est toujours scolarisée. Celle-ci tombe amoureuse d’un jeune homme et s’enfuit  avec lui  car, sans dote, sa famille n’en voulait pas. Ils ont fait un mariage civil mais sont toujours rejetés par leurs familles respectives. Même la fille ainée de Big Jessie ne veut plus en entendre parler. Big Jessie ne veut pourtant pas couper les ponts avec sa plus jeune fille et pendant quelques années, leurs rencontres ont lieu à l’association. La jeune femme vient souvent et rend quelques services puis, elle a un fils.  Aujourd’hui, Big Jessie vit toujours chez sa fille ainée. Elle ne travaille plus, pour des raisons de santé. Pour voir sa seconde fille et son petit-fils, elle vient chez Shinie.

conseil général de l'Isère, Souffle de l'Inde, Josette Rey, Brigitte PérilliéPhilomena, ses parents l’avait mariée à un fils unique. Quand il est mort, sa fille avait un an.  Elle est restée chez ses beaux-parents âgés et malades. Ils habitaient dans une maison insalubre et entourée de canaux nauséabonds. La petite a rapidement développé de l’asthme. Mais Philomena ne peut quitter cette maison, elle doit s’occuper de ses beaux-parents âgés jusqu’à leur fin. Aujourd’hui,  elle travaille chez la même couturière que Shinie. Le soir elle fait encore des trousses à bijoux pour Souffle de l’Inde. C’est elle qui a la couture la plus soignée.

Shela, appartenait à une famille de deux filles. Elle a été mariée, mais pas sa sœur qui a une peau trop foncée. Les filles à peau claire sont plus faciles à marier, leur dote est moins importante. Elle a eu un fils et une fille. Dans sa toute petite maison, il y avait le couple, les deux belles mères, les deux enfants et la sœur célibataire. Seules Shela et sa sœur travaillent pour nourrir la maisonnée. Son mari, alcoolique, la frappe et lui prend son argent.

Leur propre mère morte, les deux jeunes femmes ont l’occasion de partir dans le Golfe pour des emplois de ménage. La belle-mère reste donc seule avec son fils alcoolique et les enfants à élever. Leurs conditions de vie étaient là aussi un véritable esclavage. Elles dormaient dans un placard et devaient être totalement disponibles pour les familles qui les employaient. Malgré tout, Shela a pu économiser son salaire et a acheté de l’or pour marier sa fille. Un jour, elle donne les bijoux à sa belle-mère, avec qui elle s’entend bien, pour qu’elle les garde. Mais au bout de quelques temps, la belle mère meurt et Shela doit rentrer.  C’est là qu’elle s’aperçoit que les bijoux ont disparu. Son mari violent la bât chaque jour. Vaillante, elle continue malgré tout à faire des ménages. Malheureusement, le mari tombe malade et elle ne peut plus sortir travailler. En plus, il n’y a pas de protection sociale en Inde, il faut emprunter pour se soigner. La famille n’a plus rien et vit de mendicité et de la charité de l’église. Quand son mari meurt, elle entend parler de Souffle de l’Inde et demande à y travailler. La sœur, restée dans le golfe, l’aide à financer le mariage de la fille. La maison tombait en décrépitude lorsqu’elle arrive à l’association. C’est un de ses bénévoles qui lui a réparée. Son fils est rentré dans les ordres et ne pourra  pas la prendre en charge pour sa vieillesse. Aujourd’hui elle travaille chez un tailleur et le soir elle fait des vêtements pour des voisins. Elle a un toit à elle.

Mable, avait un mari adorable qui est mort de maladie. Cela a été assez rapide pour ne pas ruiner la famille. Elle a un fils et une fille à marier.  Elle donne donc sa maison en « lise » mais peut garder une pièce pour sa petite famille. Elle a rapidement travaillé à l’association grâce à qui elle a pu élever ses deux enfants.  La fille s’est mariée et le fils a arrêté l’école assez tôt. Il a échoué à l’école et s’est mis à travailler dans le golfe. Il a pu racheter la lise. Mable est diabétique et doit emprunter pour se soigner. Elle vit avec son fils qui est lui-même marié.

conseil général de l'Isère, Souffle de l'Inde, Josette Rey, Brigitte PérilliéCasseline, a été veuve très jeune avec une seule fille. N’avait pas de maison à elle et payait un loyer qu’elle n’arrivait plus à assumer. Son frère l’a recueillie mais il était handicapé mental. Il lui avait laissé une pièce pour elle et sa fille. La maison tombait en ruine. Les volets ne feraient plus. Sa belle sœur était terrible avec elle et les deux femmes se battaient continuellement. Casseline arrivait souvent en pleurant et un jour josette s’est aperçue qu’elle empruntait de l’argent aux autres femmes. Sa belle-sœur lui prenait toute sa paie et elle n’avait plus rien pour manger. Elle devait donc emprunter. Casseline est assez passive et fataliste. Josette lui expliqua qu’elle ne pouvait plus garder sa fille, si elle restait dans l’impossibilité de la nourrir. Elle lui proposa qu’elle et la petite restent à l’association. Heureusement la jeune fille était brillante à l’école et rapidement elle travaille dans un call center pour payer sa dote. Aujourd’hui, la belle-sœur et le frère sont morts et Casseline a hérité de la maison. La fille l’a fait raser et a reconstruit une autre maison, saine.

Nous partageons, toutes ensemble, sur un coin de table, le repas de l’amitié : du Byrianie au poulet avec un shutney de dates et épices ; délicieux. En dessert, de la Payasam, espèce de soupe de vermicelles ou de riz concassé au lait de coco sucré et du Ghee, des raisins secs, des noix de cajou ou des cacahuètes et de la cardamone. Un peu bourratif et douçâtre à mon goût, mais mangeable.

Ce fût aussi l’occasion de goûter le fruit du jacquier, entre banane et ananas. Très bon !

Dans l’après-midi, je leur montre le film tourné lors de l’anniversaire à Pondichery, des larmes d’émotion perlent sur leurs yeux. Souffle de l’Inde est parti. Elles sont seules désormais pour continuer leur chemin. Mais, elles restent soudées. On doit dire que l’association n’avait pas vocation à les suivre à très long terme… L’essentiel, c’est qu’elles aient toutes un travail aujourd’hui qui leur permet de vivre, ou presque. Seules deux d’entre elles sont maintenant trop âgées pour trouver un travail. Pourtant elles ont des compétences.

Giji a aussi la cinquantaine bien avancée, mais elle est la plus instruite de toutes. Elle parle très bien l’anglais et travaille dans une compagnie de téléphone.

En  10 ans, josette leur a appris à relever la tête, à se battre pour vivre mieux, elle leur a redonné leur dignité.

21/02/2013

Vendredi 15 février, Madurai - Munnar

De Madurai, nous allons traverser la péninsule indienne pour rejoindre kochi, sur l'autre rivage. La route est longue, nous allons franchir la montagne qui sépare le Tamil Nadu du Kérala. Nous passerons par Munnar, ville du thé et des épices. 

Hier soir, à Madurai, à notre retour à l’hôtel, nous prenons vraiment possession de nos chambres. Nous les voyons de plus en plus sales. Il y a un vacarme monstre, cela doit être un générateur car en Inde, il y a constamment des pannes de courant. Même chez Josette, une panne a duré plusieurs heures. Le linge semble gras. Les salles de bains, en marbre rouge, ne sont que sommairement essuyées, Nous faisons changer les taies d’oreiller, mais celles qu’on nous amène ne sont pas mieux. En fait, ils doivent faire laver le linge à la main. J’ai remarqué l’après-midi, qu’il y a derrière l’hôtel, des  grands lavoirs à l’ancienne. Des femmes y battent le linge. Je n’ose pas imaginer dans quelle eau elles lavent tout ça !

Le matin, à l’hôtel, il n’est pas prévu de prendre un petit déjeuner. Nous nous attablons donc dans un bar-restaurant indien. C’est l’occasion de manger comme eux. Purri pour Jayan et un dosa pour Josette et moi. Je prends des photos car c’est spectaculaire. Ce sont d’énormes crêpes présentées sur une feuille de bananier que l’on agrémente de sauces diverses. J’en trouve une blanche, assez fade et m’y tiens car je n’aime pas avoir les papilles agressées le matin. Les autres sont pimentées. Puis il est temps de prendre la route. Je suis incapable de citer les heures, car en Inde, c’est comme en Afrique, cela ne compte pas vraiment. On fait les choses, quand on peut, en son temps.

Nous prenons donc la route pour Munnar, 165 Km. Traversée vertigineuse dans un Madurai bien encombré et enfin nous sortons de la ville pour longer encore une vaste plaine, en direction des montagnes. Nous longeons de grands champs de cannes à sucre.

Le Tamil Nadu est très agricole. Vers Pondichéry et tout le long de la côte nous avons vu des champs de riz, cacahuètes, noix de cajou, puis plus au sud de cannes à sucre. Des cocotiers et bananiers poussent de partout. Josette me dit que le Tamil Nadu produit beaucoup de légumes mais je n’en ai pas vu. En tout cas, il ne manque rien. Les marchés regorgent de tous les légumes. Les aubergines sont toutes petites et presque rondes et marbrées. Tous les indiens pourraient être nourris correctement si le pays fonctionnait mieux. Mais ils sont assez indolents et fatalistes. La corruption, à tous les niveaux, paralyse le pays.

Pendant le voyage, Josette me raconte l’histoire d’une des femmes, Giji que nous allons retrouver à Kochi et qui travaillait à l’atelier de Souffle de l’Inde. Cette femme venait de perdre son mari et était plongée dans un profond désespoir.  Elle pleurait depuis des mois sans sortir de chez elle. C’est son père qui est venu frapper à la porte de l’association. Il n’en pouvait plus. Diji avait un fils d’une dizaine d’années et ne s’en occupait plus. Josette alla la voir et constata qu’elle était éduquée et malgré que l’atelier soit au complet, elle pourrait apporter une aide. Elle accepta donc de la prendre. La jeune femme était en semi léthargie et restait toute la journée allongée sur un petit lit installé dans l’atelier. Progressivement, elle a redressé la tête et s’est intéressée aux autres. Petit à petit, elle s’est mêlée aux conversations et a pris part aux travaux. Elle reprenait le dessus. Au Kerala, les femmes d’un certain milieu sont presque trop choyées. Elles sont préservées de tout, restent au foyer et ne peuvent envisager de travailler à l’extérieur. Si elles gardent la peau claire, c’est un signe de niveau social élevé. Le prix à payer est la dépendance au mari, à sa famille et l’impossibilité de se projeter dans une autre forme de vie. Diji a donc repris de l’assurance et s’est montrée capable de diriger quelques opérations pour l’atelier. Pendant ce temps son fils grandissait, venait souvent à l’atelier et réussissait ses études. Au Kérala l’école est obligatoire, contrairement au Tamil Nadu. Ce jeune homme était le premier enfant parmi tous ceux des veuves accueillies, capable de faire une école d’ingénieur en informatique. Josette avait avancé quelques sommes pour rendre son inscription faisable. Ce jeune, très proche de sa mère, déjà âgé de 18 ou 20 ans, partit un week-end avec un ami pour faire un pèlerinage. Le Kerala est majoritairement chrétien. En route, le pire arriva. Un camion chargé de longues tiges de fer était stationné feux éteints et la voiture où étaient ce jeune et son ami fonça dedans sans freiner. Ils furent tués sur le coup. Ce fût le coup de grâce pour cette femme, qui n’avait plus personne à aimer. Toutes les femmes de l’atelier étaient sous le choc et ne pouvaient plus continuer à se battre, non plus. Josette ferma l’atelier pendant un mois pour respecter leur deuil. Mais au Kerala, les choses ne s’arrêtent pas là. Chaque jour Diji pris l’habitude d’aller sur la tombe de son fils. Au bout d’un an, alors que Josette revenait de France, elle sentit un nouveau malaise chez elle et les autres femmes. Elle apprit après quelques questions, qu’au Kérala, lorsqu’on ne peut acheter une concession, le corps du défunt est enterré pour un an. Ensuite, ses restes vont dans un ossuaire. Un matin, Giji ne trouva plus la tombe de son fils et ne sut plus où aller le pleurer.

Le temps de cette histoire et nous amorçons la montée de Munnar. Il y a des arbres magnifiques qui s’étalent en plateau et qui me font penser à des arbres peints dans les estampes japonaises. On s’arrête pour quelques photos. Sur le bord de la route, un parfum délicat nous enveloppe. Il fait très chaud mais les oiseaux chantent, c’est très agréable. Nous sommes enfin sortis de la tourmente citadine et des odeurs nauséabondes.

Plus nous montons, plus la route est chaotique, comme celles d’Afrique, partiellement emportées par les moussons. Il ne faut pas avoir mal au dos, les suspensions de la voiture sont sommaires. Mais nous nous arrêtons plusieurs fois pour photographier la plaine que nous laissons derrière nous. Plus nous prenons de l’altitude, plus la végétation change. Elle me fait un penser à l’Ardèche, sèche et odorante. On distingue nettement les eucalyptus.

Rapidement nous passons la frontière et c’est une découverte botanique qui commence. Des verveines hautes, oranges, d’environ un mètre de hauteur, bordent la route en épais buissons. Des volubilis bleus s’y entremêlent au grès de leur envie… Les côtés restant à l’ombre sont chargé de daturas blancs. Au bord de la route, des paysans vendent les fruits de la passion. Ils sont excellents. Puis, on arrive aux plantations de cardamone, où se mélangent des pieds de poivriers, cacaotiers et de caféiers. Les plants de thé arrivent un peu plus haut. 

15/02/2013

Jeudi 14 février, Tenjore - Madurai

Jeudi 14 février,

La route pour aller à Kotchi est longue et josette veut que je voie les différents célèbre vieux temples indous. Nous nous sommes arrêtés à côté de Tenjore, dans un palace 4 ou 5 étoiles, conseillé par le guide du routard. Le prix des chambres, environ 6 à 8ooo roupies, nous semblent exorbitant et josette refuse de payer cette somme. Elle feint de partir chercher un autre hôtel en disant, je refuse de payer plus de trois mille roupies. Alors, le chef nous dit : attend une minute, j’ai quelque chose pour vous à 3500 roupies. Il nous montre, dans un bâtiment à l’entrée du domaine, deux chambres doubles qui nous semblent correctes. La soirée se passe agréablement au restaurant où deux musiciens jouent de la musique traditionnelle. Le lendemain, nous décidons de faire un gros breakfast et de ne pas manger à midi. Le matin, Jayan m’accompagnera au temple de Thanjavur (Tenjore)

 Il est très ancien. Tous les temples sont fait à peu près de la même manière. C’est un enclos rectangulaire dont les murs sont ponctués par des tours trapézoïdales ou pyramidales, sculptées de bas en haut. Parfois, il y a plusieurs enceintes à l’intérieur et d’autres tours. Là il y en a trois. C’est le seul temple dont les reliefs ne sont pas peints. L’ensemble des bâtisses sont en grès rouge, comme de la brique. L’endroit est vaste et reposant. En ce début de matinée, il y peu de monde. Nous y restons environ une heure et retournons à l’hôtel chercher Josette. Pour la première fois depuis mon arrivée, le ciel est gris et l’air humide. Au moment d’enfourner nos bagages dans la voiture, un orage s’abat sur nous. Josette est trempée et folle de rage, car nous aurions dû dire au chauffeur de venir chercher nos bagages jusqu’à nos chambres. Mais nous n’avons rien dit et nous nous sommes trempés.

Nous repartons cette fois pour Madurai, par l’autoroute. Un autre temple nous y attend. Mais avant cela il nous faut chercher un hôtel. L’affaire semble compliquée. Ceux présentés par le routard sont peu avenants, le seul qui nous semble possible est complet. Jayan trouve ridicule de payer trop cher et cherche dans les hôtels « plus » indiens. Après quelques refus, nous arrivons au Tamil Nadu Hôtel dont la chambre est à 1700 roupies. A première vue, il semble correct, bien que moins soigné que celui de la veille. Nous payons et au deuxième regard, nous découvrons que le linge n’est pas bien lavé et l’état de propreté du cabinet de toilette, un peu sommaire. On ne peut pas tout avoir. Il est 16heures et nous partons boire dans un salon de thé indien où se mêlent gâteaux indiens, anglais et arabes. Il me faudra au moins trois tasses de thé et quelques gâteaux anglais pour me contenter. Il règne dans cet endroit une atmosphère bon enfant. Nous sommes dans un bain indien. Je prends des photos de l’ensemble, et tous veulent les voir. Ils nous photographient aussi avec leurs portables et nous demandent d’où nous venons. Ils semblent connaitre la France !

Puis nous partons vers le vieux temple. Il est complètement enserré dans la vieille ville. En face dans de vieilles galeries, il y a des échoppes et des d’artisans. Nous faisons le tour et je me fais harponner par un rabatteur qui veut me confectionner des tuniques. Celles qu’il me montre ne sont pas vilaines et je me laisse tenter. Une prune et l’autre verte, en soie et coton, feront l’affaire pour 1000 roupies. Enfin nous entrons dans le temple. Il est magnifique. Les tours sont de même forme que dans les autres temples, mais elles sont peintes. A l’intérieur, il y a un grand bassin de purification comme dans les temples Sicks. Les plafonds des galeries sont peints de rosaces de couleurs vives. Tous les piliers sont sculptés et le haut est peint de vert ou de rose. Les fidèles se prosternent devant chaque autel où sont représentées les différentes divinités. Je mitraille un maximum, partout où c’est possible. De toute façon nous n’avons pas le droit de rentrer dans la partie des cérémonies religieuses, avec les brahmines. Josette n’est pas contente et elle le dit au prêtre qui est à l’entrée et où il est écrit : « Les étrangers, ne sont pas admis ». Ils n’auraient jamais dû dire cela comme cela, car un étranger peut bien être indou ; oui, mais c’est rare, et là, c’est moi qui le dit !

Le soir, nous allons boire une bière au Suprême hôtel, sur le toit terrasse qui domine la ville et ouvre une vue sur le temple, imprenable.

Mercredi 13 février, en reoute pour Kochi dans le Kérala

En route pour le Kérala et Kochi, lieu pour lequel Josette a créé, Souffle de L'inde. Le voyage durera 8 jours et comprend plusieurs milliers de kilomètres. Nous prenons une voiture avec Chauffeur. Il est très difficile pour un européen de s’aventurer sur les routes indienne avant un « stage » approfondi pour se mettre à leur méthode… Notre itinéraire suit les grand temples indoux de Pondichéry à Thanjavur (Tenjore), puis Madurai. Nous passerons voir les cultures du thé qui sont spectaculaires à ??? et nous nous dirigerons vers Kochi. Il faudra franchir la chaine montagneuse qui sépare le Kéral du Tamil Nadu. Nous allons monter au dessus de mille mètre et le temps changera certainement.

 

Nous partons donc vers le sud le long de la côte. Josette veut me faire voir les villages et l’océan indien plutôt que de prendre l’autoroute à l’intérieur des terres avec un paysage plus mono-lytique. La rue grouille d’un trafic intense. Au bout d’une heure environ, voire plus, nous sortons de cette agitation et commençons à traverser la campagne. Nous traversons des rizières. Elles forment de grands champs d'une couleur verte que j'avais oubliée. Des femmes et des hommes ont les pieds dans l'eau, le corps plié en deux pour repiquer les tiges de riz. Le chauffeur ralentit pour que je puisse les photographier.

Nous nous arrêtons enfin à Chidambaram pour visiter un temple Indou.

Dans une petite échoppe, à l'entrée, nous laissons nos chaussures et rentrons pieds nus. En Inde beaucoup de gens marchent encore pieds nus et pas seulement que les pauvres. Nous entrons dans le temple. Il y a beaucoup de brahmines. Ils ne veulent pas que je les photographie, dommage. Ils sont torse nu avec un joli pagne blanc long, drapé sur leur hanches avec les plis savants. Certains sont rasés, d'autres ont les cheveux longs, noirs ou blancs, relevés en chignon. Leur visage est peint de rouge.

Une fois passée la grande porte, le temple s'ouvre sur une vaste esplanade immense, avec différents plates-formes couvertes où les gens s'assoient pour méditer. Ce temple est très vieux. Nous sommes attirés par une musique de tambourins et de cloches. C'est  une puja. Des bramines s'agitent dans un autel surélevé, avec des plateaux d'où sortent des flammes. Sur la droite, deux hommes actionnent deux énormes cloches qui font un vacarme épouvantable. J'ai la tentation de me boucher les oreilles mais je m'aperçois que personne ne le fait. Alors, je résiste. Les fidèles sont massés, en file indienne, en face de l'autel, les mains jointes sur la poitrine et suivant les sons d'autres clochettes, lèvent les bras au-dessus de la tête. L'office se termine et nous faisons le tour du temple qui est une vaste enceinte rectangulaire avec 3 tours, "Gopurame" en forme de trapèze ou de pyramide dont le haut aurait été coupé. Leur hauteur est vertigineuse.  elles sont sculptées et peintes sur toutes leur hauteur de figurines et représentations divines. Extraordinaire.

A la sortie, nous goutons un « ladu », boule jaune de farine et sucre et beurre, colorée avec du curcuma. C'est sucré, mais sans parfum très tranché. Ce gâteau a été béni, il doit être mangé avec respect.

A la sortie du temple, nous retrouvons la rue grouillante. Des mendiantes nous accostent des enfants enveloppés dans un linge autour de leur cou et d’autres enfants en âge de mendier. Ils sont certainement du même type de familles que ceux qui sont accueillis par Sharana.

 

Puis, nous filons jusqu'à Trinkebar ou nous nous arrêtons pour le déjeuner. Il est 14 heures. C'est une station balnéaire avec un vieil air colonial. Nous nous attablons au "non hôtel" ! C'est tout de même un hôtel, face à la mer. La bâtisse est bordée d'une galerie couverte et soutenue par d'énormes colonnes. L'endroit est propre et nous repose.

Cette station semble toutefois un peu morte, il semble que ce soit une ancienne colonie hollandaise. De magnifiques maisons sont en rénovation.

Nous repartons et au bout de plus d’une heure de trajet, josette se rend compte que nous revenons en arrière. Le chauffeur ne connait que les grandes routes et autoroutes et n’a pas suivi nos consignes de garder la route de bord de mer. Nous perdons ainsi au moins deux heures de voyage. Nous filons vers Thanjavur (Tanjore) où il y a un autre temple à voir. Mais le jour tombe et nous nous arrêtons dans un hôtel conseillé au guide du routard : « Ideal river View resort ». Très bel hôtel avec piscine, mais fort cher pour les individuels. Josette, très forte en affaire, négocie le prix.

 

La cuisine indienne :

Jusqu’à présent, à Pondichéry, nous avons surtout mangé chez Josette. Une cuisinière vient tous les matins confectionner notre repas de midi. Elle cuisine très bien et nous mangeons régulièrement des chapatis, un  ragout de viande et de légumes (souvent des pommes de terre), des légumes verts, style aubergines, du riz ou des boules faites avec de la pâte de riz, des idlis. C’est très bon et pas trop épicé pour des palais occidentaux. Sinon, nous allons manger au restaurant mais pour « internationaux » donc, c’est moins intéressant !

 

 

 

mardi 12 février, visite des sites de Sharana

 

La journée sera consacrée à la visite des différents sites pour les enfants de Sharana.

 

sharana, souffle de l'inde, Brigitte Périllié

Nous nous rendons au siège de l'association où nous attend Vitri, le directeur. Nous commençons par le Day care center non loin du siège. C’est une crèche où sont accueillis à la journée des enfants démunis. Ils semblent avoir deux à trois ans environ, mais ils peuvent aller jusqu’à 5 ans. Ce sont des enfants Gyspsies. Les parents vivent dans des bidons villes ou dans les bois. Ils ne les lavent jamais. Ils sont une vingtaine présente dans les locaux ce matin. Ils présentent quelques signe de rachitisme et de malnutrition. Une femme les lave, une autre les habille de propre et une troisième les fait jouer et leur apprend, à l'aide de dessins des mots en tamoul. Il est encore tôt, ils seront nourris un peu plus tard.

Les locaux sont spartiates pour nous mais surement luxueux pour eux qui n'ont pas toujours un toit sur la tête.

Ces enfants sont magnifiques, souriants et très sociables. Ils jouent ensemble, s'approchent de nous et nous tendent les mains, s’accrochent à nos jambes ou nous montrent leurs jouets. Ils recherchent notre attention et semblent ravis que je les photographie.

 

A l'étage, c'est une terrasse couverte d'un toit de palme. Là, un jeune garçon d'environ 10-12 ans joue seul sur un tapis. Il vient d'arriver. Son père est mort et sa mère est prostituée. Il sera gardé quelques jours, là pour voir comment il se comporte et sera surement orienté vers le shelter. Cet enfant est triste, voir un peu prostré. Il ne nous accordera aucun regard.

Puis nous partons vers un autre site, au sud de la ville Angalakupam. Nous arrivons dans un village assez coquet, sans ordures étalées par le vent, comme pour tout le reste des villes et des campagnes indiennes. Vitri nous présente une crèche où sont accueillis des enfants de 3 à 6 ans environ. Ce sont les enfants des paysans du village. Ils peuvent ainsi aller travailler dans les champs, l’esprit libre. On entre par un magnifique jardin avec un puits en son centre. Un bâtiment en L, ceinture l’enclos. C’est la fin de la matinée et les enfants sont couchés sur une natte, dans la grande salle de jeu. C’est un moment de quiétude avant de prendre le repas. Le bâtiment abrite aussi un dispensaire qui accueille tous les gens du village. C’est indispensable car la ville est loin et les gens sont peu motorisés. L’essence coute presque le même prix ici qu’en France (près d’un euro le litre) Cela parait fou, quand on sait que les salaires sont de 7 à 10 fois inférieurs aux nôtres). L’intérêt de ce centre, c’est qu’il est aujourd’hui directement géré par les femmes du village. Ce sont elles qui ont proposé de le faire dès qu’elles ont su que Sharana voulait développer un projet chez elles. L’association n’apporte aujourd’hui que le financement des salaires et de la nourriture. Elle contrôle le bon fonctionnement de l’ensemble. Cette initiative a créé environ 6 emplois. Un médecin et un infirmier sont attachés au dispensaire.

Ces centres, crèches permettent non seulement de suivre de très près l’éducation des enfants, mais aussi la santé des familles et leur activité économique. Des micro-crédits sont accordés aux femmes pour qu’elles puissent démarrer une activité sans être dépendantes de leurs maris.

A côté, des femmes filent de la fibre de coco qui sert à faire des cordes. On en voit des piles, exposées sur les bords des routes. Nous arrêtons pour les regarder faire. Elles sont 4 jeunes femmes, probablement que leurs enfants sont à la crèche à côté.

Le village est bordé d’une rivière et de champs de cacahuètes. Je fais des photos. Josette me montre des petits préaux qui sont les buchers mortuaires. Il y en a un peu partout, toujours à l’écart des villages, dans les champs.

Nous poursuivons pour aller au centre d’Arangano qui est la fierté de Sharana. Quand on entre dans la propriété, on voit un bel immeuble à un étage, et un autre de plain-pied. Le premier bâtiment abrite un Day care center pour les tous petits et dans le deuxième, le centre d’apprentissage de menuiserie.

Une vingtaine de gosses sont accueillis à la journée. Les apprentis, eux ont environs 16-17 ans et sont une douzaine. Mais ce lieu est aussi original car il est un centre expérimental d’agriculture. Sont cultivés, cacahuettes, légumes, bananes et noix de coco. Depuis quelques années, une expérience de production de protéines végétales est menée. Il s’agit de la spéruline, qui est une algue obtenue par la photosynthèse de l’eau et du soleil. Cette algue est produite dans de grands bassins dont l’eau est filtrée avec une épuisette de linge fin et un tamis également de linge fin. Il est ainsi recueilli une pate verte, assez liquide, qui est ensuite séchée au soleil, puis dans un four spécial. Lorsque ce processus est accompli, la spiruline se présente soit en poudre insérée dans des petites capsules, soit sous forme de petits bâtonnets. Cette spiruline permet de mener un programme de nutrition intensive des enfants recueillis mais aussi de la population des environs.  Il est 13 heures et Vitri nous propose de manger sur place. Nous partageons donc le repas de la communauté. On nous dresse une table alors que les petits sont attables par terre sur la terrasse le long du bâtiment, face aux champ de cacahuète. La vue est agréable. Ils ont devant eux une grande assiette en allu et un gobelet. Nous aurons le même service. Dans la grande assiette, une dame verse une grande cuillère de ris, puis un ragout de pommes de terre et une omelette aux herbes. C’est délicieux et assez épicé. Je demande, les enfants mangent aussi épicé que cela ? Oui ; me répond Vitri, pas de problème. En fait, les épices purifient les plats et permettent une meilleure digestion. Pour finie le repas, on me reverse une cuillère de riz sur lequel on verse du curd (yaourt). C’est douçâtre, comme un gâteau de riz. Je ne peux pas tout manger. 

Nous retournons au centre de base où Vitri prend une nouvelle bouteille de gaz que nous allons porter dans un autre centre. Nous sortons de la ville, au nord de Pondy et roulons bien plus loin qu’Auroville. Nous arrivons dans un village assez misérable, Matour. Nous livrons une bouteille de gaz dans une crèche, misérable aussi, mais qui a le mérite d’exister dans cet environnement assez moyenâgeux. Les enfants ne sont plus là. Il est plus de 16 heures et les parents les ont récupérés. Josette m’explique qu’il n’y pas le même dynamisme ici qu’Angalakupam. A l’allure du village, cela se voit. Mais les gens qui sont là, devant leurs cahutes, sont souriants. Ce sont des femmes, des enfants et des vieillards. Une femme et sa fille tressent une feuille de bananier, sur le sol. Nous faisons quelques photos, tout le monde se laisse faire et le groupe s’agglutine autour de moi pour voir mes photos. Mais très vite, je n’ai plus d’energie et je n’ai pas pris mon autre appareil photos.

Nous allons ensuite au Shelter (refuge) qui accueille à temps plein, des enfants en grand danger dans leur famille. Une petite fille m’attrape par la main et m’amène voir les décorations en faïences cassées qu’ils ont posées sur la façade du bâtiment.  Il y a là des danseuses, des animaux, une maison, un arbre dont elle est très fière. L’installation est aussi assez spartiate. La maison principale est composée d’une grande pièce et de dépendances cuisine, placard , douches) à l’arrière. Je n’ai pas l’impression qu’il y ait des chambres. Les enfants dorment tous ensemble sur des nattes dans la grande salle. Lorsque nous arrivons, un jeune garçon est allongé par terre, il se tient la tête et semble dormir. Il ne bouge pas. Vitri me dit qu’il a besoin de se reposer. Normalement les garçons doivent dormir dans l’autre bâtiment, mais il y a des travaux à faire pour isoler le toit qui est à clair voie. Mais il y a des douches et cela pourra faire l’affaire lorsque les travaux seront faits. Il ne dit pas quand ? Il est vrai que le climat est plus clément ici qu’en Europe. Il n’y a pas besoin de bâtiments très sophistiqués. Lors d’une de ses visites, Josette a vu les enfants laver eux-mêmes leurs vêtements. Ils ont entre 3 et 10 ou 12 ans. Elle a lancé un appel sur internet pour récolter des fonds pour acheter une machine à laver. L’argent nécessaire a été réuni, elle sera installée prochainement. Un coup de peinture ferait du bien aux murs aussi, ils sont bien tristes.  Devant nous, Vitri fait mettre les enfants en file indienne et leur fait fermer les yeux pour se calmer. Un peu de méditation ne peut pas faire de mal…

Au bout de quelques minutes, une équipe d’animateurs de la ludothèque mobile arrive et organise des jeux de société avec les eux sur la terrasse. Nous restons là environ ½ heure, puis repartons.

Nous rentrons au centre de base vers 18h30 – 19h.