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24/09/2014

L’enfance en danger, le tableau est-il si noir ?

 

 

Il m’a semblé important de réagir au reportage diffusé mardi 16 septembre sur France 5.

 

Comme à l’accoutumée, ce reportage a été exclusivement à charge, sans distance, sans exemple d’actions plus vertueuses qui pourraient montrer aux téléspectateurs d’autres possibles. Pourtant tout n’est pas égal par ailleurs !

 L’aide sociale à l’enfance est un grand sujet, trop peu souvent traité par les media, sauf, lorsque que l’on constate des dysfonctionnements.  

 

Pourtant, il y a beaucoup à dire dans ce domaine, d’abord parce que l’enfance en danger est douloureuse pour les enfants et les familles et difficile à gérer pour les institutions. Elle est douloureuse aussi parce qu’elle nous renvoie tous à notre propre vécu ou à notre propre indifférence au quotidien. C’est aussi un domaine qui souffre du peu d’engagement citoyen, c’est-à-dire, engagement désintéressé, engagement humaniste sans d’autre visée que la protection des enfants et de leurs familles.

 

Vice-présidente au Conseil général de l’Isère, chargée de ce domaine d’intervention publique, comment je ressens la situation ?

 

D’abord il faut reconnaitre que l’Aide sociale à l’enfance (ASE) est un corps professionnel assez fermé qui n’a pas vraiment pris l’habitude de partager ses pratiques avec ceux qui sont chargés de les financer comme avec ceux pour qui il travaille, c’est – à – dire les enfants et leurs familles. C’est son principal écueil ! Ce qui ne l’empêche pas d’avoir le souci de la protection de l’enfant et de son intérêt supérieur. Un paradoxe en quelque sorte !

 

L’ASE est l’héritage de l’ancienne DDAS, service déconcentré de l’Etat dans les départements, et qui est toujours dans les consciences collectives. La DDAS  n’avait, jusqu’à la décentralisation administrative de 1983, jamais été confrontée aux relations avec les élus-décideurs. Depuis trente ans, la DDAS devenue ASE n’a pas assez intégré ce rapport aux élus et souvent même le conteste. Il y a les « sachants » et les ignorants… Ceux-ci aussi ne se sont sans doute pas assez investis dans ce sujet, tout accaparés qu’ils étaient à protéger leur développement local, leur commune. Et, c’est là son deuxième écueil.L’enfance en danger est donc un service qui s’est longtemps pensé à part  des autres services sociaux… On peut aussi élargir cet état à la protection maternelle et infantile (PMI). Les critiques qui surgissent aujourd’hui découlent sans doute de cet état de fait. Mais, ce n’est pas pour autant que rien ne change, qu’aucune nouvelle orientation ne s’exerce notamment de la part de ceux qui détiennent les responsabilités politiques et de gestion. Mais les réformes à faire sont profondes et demandent du temps, du temps de concertation, du temps pour les changements de paradigmes.

 

Au Conseil général de l’Isère nous nous y employons depuis plusieurs années. Il est vrai que les crédits alloués à l’enfance en danger ne faisaient jamais débat jusqu’à la crise de 2009. Tout contrits qu’étaient les élus et les professionnels à penser que ces enfants vivaient des choses tellement dures qu’on n’allait pas regarder à la dépense. J’en ai moi-même été très étonnée de cela lorsque j’ai eu la responsabilité de l’enfance en danger. « Budget  no limit », m’a-t-on dit à la direction centrale… Mes trente ans d’action publique au sein de collectivités locales et en tant que formatrice sur les politiques locales, ne m’avaient jamais laissé entrevoir une telle réalité. Tous les budgets sont par essence limités quel que soit l’objet pour lequel ils sont attribués… Pas de déficits possibles dans les collectivités locales, c’est bien connu. J’étais donc interloquée !

Mais en Isère, des contrôles financiers, des conférences de gestion existent depuis plusieurs années et ont bien contribué à réduire quelques débordements. Des contrôles qualitatifs ont aussi conduit à des fermetures d’établissements. Ceux-ci ont dû revoir leurs pratiques ou leur organisation. Les débordements constatés étaient plus souvent dû à des individus ou des personnalités particulières dans les établissements que par une soi-disant carence d’encadrement. Par ailleurs, les familles d’accueil et les lieux de vie n’ont jamais leur agrément à vie. Celui-ci peut être remis en cause à tout moment.

 

2009, année où la crise financière commençait à se faire sentir, mais aussi année où les statistiques et les demandes de crédits supplémentaires flambaient, m’a confortée dans l’idée que l’on pouvait faire tout aussi bien mais autrement ; que des marges de manœuvre existaient et que compte-tenu de la masse financière que représentait ce budget (plus de 110 millions d’Euros), des économies seraient là significatives et nous éviteraient des coupes sombres sur des petits budgets, menaçant par essence leur existence. Mais si cette perspective a mis du temps à émerger, elle est là aujourd’hui.

 

Comme il n’est pas question de limiter les publics bénéficiaires des actions, qui croissent en temps de crise, il fallait rebâtir l’organisation en vigueur et revoir les prescriptions et actions en matière d’aide sociale à l’enfance. Il nous fallait aussi mettre en application les orientations de la loi de mars 2007 qui changent considérablement l’articulation des différents niveaux d’intervention.

 

Alors, comment faire ?

 

Miser sur la prévention plutôt que le « tout réparation ». Agir sur les parents autant que sur les enfants pour que ceux –ci puissent reprendre leur place d’éducateurs auprès de leurs enfants… autant que faire se peut, bien évidemment. Mettre l’ensemble de nos services et partenaires en synergie.

 

Un premier diagnostic participatif s’est enclenché en 2010 et a duré 2ans pour arriver à des réorganisations et des changements de pratiques professionnelles dans les services de l’ASE et de la PMI du Conseil général. Changements toujours en cours aujourd’hui qui bouleversent, nous en sommes bien conscients, les habitudes mais qui ont le mérite de rechercher aussi toutes les compétences auprès de nos partenaires dans un souci de complémentarité, donc sans redondance de rôle.

 

Puis nous avons entrepris une orientation forte en 2013 pour bouleverser les équilibres dans les placements des enfants. Passer de 70 % à 50% de placements en milieu collectif (environ 2300 enfants sont concernés en Isère). Aujourd’hui nous espérons aller jusqu’à 70 % de placements en familles d’accueil.

 

Cet objectif a eu un effet de bombe dans le département car il modifiait l’équilibre économique de la profession mais aussi les pratiques professionnelles. Une année consacrée à la concertation avec les partenaires et nos services, nous a permis de dégager une autre voie, celle de la prévention renforcée à domicile. Donc, moins de placements et plus d’actions éducatives avec une présence soutenue de nos éducateurs spécialisés auprès des parents comme des enfants (2500 enfants environ sont actuellement concernés en Isère).

 

Il est important de rappeler que tout cela ne peut se mettre en œuvre sans un consentement de la part des juges qui sont les premiers prescripteurs d’actions éducatives et de placements. Leur association à la réforme a été conduite.

 

Mais je tiens à dire qu’aujourd’hui, penser élaborer un projet d’avenir pour un enfant sans la participation des parents est illusoire dans bien des cas. La loi 2007 a prévu un projet pour l’enfant qui implique les parents et nous le mettons en œuvre.

 

Nous en sommes là et j’espère que cela donnera tous les résultats attendus tant en termes d’efficacité sociale qu’économique. Non l’ASE n’est pas un kidnappeur d’enfants, non l’ASE n’a pas à se substituer aux parents, sauf quand il est avéré qu’ils sont empêchés pour diverses raisons ou absents durablement. L’ASE est un service public au service des familles et de leurs enfants, dans un souci d’apaiser les tensions et difficultés qui minent.

 

C’est un véritable défi qui s’est enclenché, à l’aulne de la loi de 2007, mais aussi ce sont des économies à réaliser dans une période de réduction de l’argent public. Mais qui dénoncera un meilleur emploi de nos ressources pour plus de prévention globale ou de prévention ciblée sur les publics fragiles. Pas moi, en tout cas !

Brigitte Périllié, Vice présidente chargée de l’enfance en danger et de la famille

03/04/2013

L'enfance en Danger : mise en route d'une réforme en Isère

 

Depuis une dizaine de jours,  les éducateurs spécialisés du département sont en émoi et s’inquiètent face à nos annonces de restructuration du dispositif de l’enfance en danger de l’Isère. Ce dispositif comprend les services de l’aide sociale à l’enfance du Conseil général (ASE),  environ 25 établissements d’accueil collectif et environ 500 assistantes familiales. Ils totalisent 1300 places collectives (100 hors Isère) pour 1000 places familiales.

L’accueil collectif et l’accueil familial s’équilibrent entre 45 et 55% au profit du collectif. Nous voulons retourner cette répartition pour atteindre à moyen terme, d’ici trois ans, 60 % d’accueil familial. Pour cela 300 places (dont 100 hors Isère) seront reconverties en 300 places familiales et d’accompagnement à domicile

Pourquoi ce choix ? Pourquoi cette échéance ?

Ce choix est guidé par un projet éducatif volontariste, avec un fort sentiment que le parcours éducatif de l’enfant doit se faire le plus souvent avec les parents, que le placement hors du domicile familial doit être le dernier recours, quand tout a échoué.

Nous voulons parier qu’un renforcement conséquent des actions éducatives à domicile peut contribuer à restaurer l’autorité parentale nécessaire et en tout cas, à mieux accompagner les parents dans leurs responsabilités envers leurs enfants.

Pour autant, si cette optique vise à réduire le nombre de placements, ils ne disparaitront pas pour autant. Dans ce cas, nous voulons privilégier le placement en famille d’accueil. Le collectif devenant, non une norme, mais un temps d’évaluation de la situation et de soupape, lorsque les familles ont besoin d’être soulagées. Que ce soient les familles d’accueil comme les familles biologiques. Le placement en famille d’accueil s’entend plus volontiers sur du long terme, alors que le placement collectif doit le plus souvent s’appliquer pour de courts séjours. Le placement familial doit être privilégié pour les jeunes enfants. Ceci est évidement une généralité qu’il convient de revoir au vu de chaque cas. Ce seront les professionnels de l’ASE qui décideront et les juges, lorsque la mesure est judiciarisée.

Cette échéance est guidée par l’idée que fixer un cap à trop long terme, pour une restructuration, ne permet pas de cibler une stratégie efficace. En un mot, au-delà de cinq ans, les incertitudes l’emportent et les actions à mener pour atteindre l’objectif risquent de devenir peu palpables. Hors l’enjeu est de taille dans le contexte actuel de resserrement des crédits publics, alors que les populations fragilisées socialement croissent. Pour notre collectivité, comme pour toutes les autres, nous avons le devoir de maitriser nos coûts tout en continuant d’accompagner toutes les familles et les enfants en difficulté. Nous le ferons, mais pour cela il faut revoir nos modes d’intervention. Ce plan de redéploiement prévoit un renforcement des actions éducatives en milieu ouvert, pour entreprendre un suivi resserré des enfants et de leurs parents.

Le coût d’un enfant en établissement tourne en moyenne autour de 4 500 € par mois avec des établissements à 6 000 €, lorsqu’un accueil en famille d’accueil coûte environ 2500 € par enfant et par mois. L’accompagnement à domicile est aussi beaucoup moins coûteux et souvent moins traumatisant qu’une séparation. Chaque solution doit pouvoir s’appliquer en fonction des besoins de l’enfant et non pas par manque de solutions alternatives. C’est ce que nous visons.

Autre précision, les reconversions de places collectives en places familiales se feront au fur et à mesure de nos recrutements d’assistantes familiales. Il n’y aura aucune perte de places d’accueil.

La direction de l’insertion et de la famille y travaille chaque jour en lien avec les territoires concernés. Tous les établissements visés sont invités à nous faire des propositions de restructuration.

Je suis de près ce dossier et reste à l’écoute de tous ceux qui veulent m’interpeler sur ce sujet.

11/02/2013

Carnet de voyage en Inde - Anniversaire de Souffle de l'Inde -

Samedi 9 février,

C’est le jour J pour Josette, la date d’anniversaire de l’association. Je vais enfin voir les locaux de Souffle de l’Inde et Sharana, l’autre association caritative d’aide à l’enfance en danger à laquelle Josette s’est associée.

souffle de l'inde,josette rey,brigitte périllié,droits des femmes,enfance en danger,conseil général de l'isèreA 10 heures, Jayan m’amène en moto sur place. Josette n’a pas voulu que nous nous garions devant la porte, de peur que le Consul, Pierre Fournier, nous voie arriver sans cérémonie… Je suis accueillie avec un collier de jasmin et Monsieur le Consul me suit de peu. Les présentations sont faites, la présidente de Sharana , Rajkala, Catherine, Nathalie, Francoise, Roselyne, des françaises, toutes bénévoles dans l’une au l’autre des associations.

La présidente de Sharana présente son association, les travailleurs sociaux qui sont là et m’explique leurs interventions auprès de ces enfants et de leur famille. Leur approche est globale. Ils offrent un enseignement aux enfants, une éducation et développent un programme de prévention auprès des parents, notamment sur le plan santé. Il semble qu’il y ait pas mal de problème d’alcoolisme, qui vient ajouter de la misère à la misère déjà bien présente dans ce pays. Des actions de développement économique sont entreprises parallèlement pour fournir des revenus à ces familles. Mais j’en saurai plus lundi, nous avons prévu une rencontre plus formelle sur leur fonctionnement. Ces locaux où nous sommes, sont essentiellement les bureaux de Sharana. Les enfants, restent en famille et son accueillis le jour sur d’autres sites, au cœur de leurs quartiers.

Souffle de l’Inde a investi l’étage, avec sa boutique solidaire et son atelier de couture. C’est un peu petit, mais le redémarrage de l’association à Pondichéry n’a qu’un an et Josette cherche un autre espace, plus grand et surtout plus adapté à l’agencement d’une boutique.

Nous allumons des bougies symbolisant les années de Souffle de l’Inde et son renouveau à Pondichéry

souffle de l'inde,josette rey,brigitte périllié,droits des femmes,enfance en danger,conseil général de l'isèreAprès cette visite nous montons sur la terrasse qui est couverte par un toit en palme de bananier tressé comme on en voit un peu partout dans le quartier des pêcheurs.

Et, c’est bien sur la série des traditionnels discours. Monsieur e Consul, Pierre  Fournier, l reconnait l’importance des actions caritatives françaises sur le territoire Indien. Il dit leur nombre, devenu très/trop important depuis le Tsunami et souvent le manque de professionnalisme qui les caractérise et qui fait qu’elles échouent parfois. Il salue la démarche de Sharana et de Souffle de l’Inde dans leur action de mutualisation des locaux mais plus encore de leurs compétences. Ses propos me font écho au regard de notre projet de maison des associations de femmes à Grenoble. Il nous explique que l’Inde est riche mais que la notion de bien public, de conscience publique n’existe pas. Les indiens n’ont pour la plupart pas conscience de leurs droits, ni de leurs devoirs, d’ailleurs. C’est sur ces notions qu’il faudrait travailler avec eux. Cela permettrait de développer de la redistribution, notion absente de leur vision de la société. Sur le plan technologique et scientifique, notamment en médecine et informatique, le pays est très développé, mais leur accès reste limité à certaines parties de la population. Les écarts de richesse sont énormes. Cela explique la misère visible à chaque coin de rue et, le triste état de celles-ci… Ces propos peuvent aussi bien nous ramener aux dérives individualistes que nous voyons grandir en occident et en Europe en particulier. Nous ferions bien de veiller à ne pas nous enfoncer davantage…

Nous convenons d’un prochain rendez-vous à la fin de mon séjour pour échanger sur mes impressions et envisager des suites.

Nous partageons le repas de l’amitié avec toutes les femmes et regagnons nos foyers en début d’après-midi.

Après un bref repos, Josette m’emmène dans un grand magasin de tissus pour Saris, tuniques indiennes et écharpes….